




Texte et illustrations réalisés pour le 1er avril 2013.
L’histoire du Poisson d’Avril dans l’eau.
Il était une fois dans la ville de Lotte-sur-Seine, une fille qui aimait par dessus tout rire et qui transformait toujours le moindre drame en éclats de rire. «Il suffit d’ironiser !» disait-elle. C’était la reine dans ce domaine là ! Non qu’elle fut mauvaise ou cynique, non, mais son optimisme prenait toujours le dessus. Et elle vivait heureuse dans ce monde qu’elle trouvait charmant.
Bien qu’elle s’excusa des fous rires qui la prenaient devant les glissades et les chutes des passants, de plus en plus de gens, vexés, se mirent à l’injurier. Médusée, elle s’entendit traitée de tous les noms, et comme beaucoup d’insultes contenaient le mot «gros» (grosse baleine, gros tas…) elle crut comprendre qu’on lui reprochait d’être grosse, trop grosse ! Tout le monde n’arrêtait pas de le lui dire !
« Je dois me ressaisir », se dit-elle. « Puisque je ne suis pas conforme, il faut que je change de forme. À moi le profil limande ! ». Et elle se rua sur un vieux manuel de cuisine qu’elle avait gagné à la tombola de la Fête du Hareng à Berck-sur-Mer. Fidèle à son caractère elle choisit le plat qui la fit le plus sourire : un vol au vent de poissons. C’est bien connu, manger du poisson est recommandé quand on veut maigrir ! Elle trouva la recette amusante, avec cette papillote dans laquelle il faut emballer le vol au vent avant de le laisser mariner, toute une nuit, sous les rayons de la Constellation du Poisson.
Son erreur fut que, pressée du résultat, elle ne lut pas l’introduction du manuel avertissant que ce vieux grimoire renfermait des recettes de magie.Inconsciente de ce qu’elle risquait notre héroïne se régala, à s’en lécher les doigts ! Hélas les effets ne tardèrent pas à se faire sentir : au lieu d’être changée en limande, elle se transforma en petit poisson de papier. Quelle bêtise elle venait de faire !!! En voulant ressembler aux autres elle n’était plus grand chose !
« On ne m’y prendra plus ! Je finirai bien par trouver quelqu’un qui m’aimera telle que je suis ! », se consola-t-elle, alors qu’un courant d’air la faisait s’envoler par la fenêtre. Les vents la portèrent des jours durant avant de délicatement la poser, le 1er avril, sur le dos d’un homme qui riait aux éclats. Elle aima les histoires drôles qu’il racontait à ses copains. Il lui plaisait bien, ce type, avec son grand sourire ! L’homme et le petit poisson ne se quittèrent plus.
Leurs rires, portés par les alizés, égayèrent le monde entier.Et c’est en souvenir de cette belle amitié que, le 1er avril de chaque année, les petits polissons ornent les dos de petits poissons en papier.